Séropositif? Que diriez-vous de troquer le traitement quotidien pour une injection tous les six mois? La lutte contre le VIH connait un nouvel élan. Il y a seulement quelques semaines, Santé Canada donnait son feu vert à la mise en marché d’un traitement révolutionnaire contre le VIH-1, alliant innovation et praticité.
La fin des comprimés…
Il s’agit du lénacapavir, un médicament injectable spécialement conçu pour traiter certaines formes de VIH multirésistantes. Cette molécule, commercialisée sous le nom de Sunlenca* par les laboratoires Gilead, constitue le tout premier traitement en son genre, ayant un effet inhibiteur de capside de longue durée. La capside est l’assemblage de molécules protidiques autour de l’acide nucléique de virus. Une seule dose de Sunlenca à tous les six mois suffit pour que la charge virale des patients séropositifs multirésistants devienne indétectable. Une véritable prouesse.
Il existe deux principaux types de VIH, soit le VIH-1 et le VIH-2 lesquels présentent des disparités au niveau moléculaire. Le sous-type VIH-1 est le plus répandu au Canada et au sein des pays occidentaux. Sunlenca s’adresse aux patients infectés par le VIH-1.
On dit qu’une charge virale est indétectable lorsque la quantité de VIH dans le sang devient trop faible pour être détectée à travers les méthodes de dépistage habituelles. Une charge virale indétectable équivaut à moins de 50 copies du virus par millilitre de sang. Aussitôt que la charge virale devient indétectable, le virus du VIH cesse alors d’être transmissible.
Un traitement efficace
Bonne nouvelle, les essais cliniques suggèrent que la proportion de patients devenant indétectables grâce à Sunlenca dépasse 80 %. Autrement dit, plus de 8 patients sur 10 présenteraient une charge virale inférieure à 50 copies par millilitre de sang après seulement deux administrations du vaccin par an.
Ainsi, le lénacapavir ouvre la voie à une toute nouvelle génération de médicaments antirétroviraux susceptibles d’améliorer la qualité des soins prodigués aux patients séropositifs qui ne répondent pas aux traitements conventionnels. Rappelons que tous les patients VIH+ ne sont pas admissibles aux thérapies antirétrovirales traditionnelles en raison, notamment, d’une résistance aux médicaments, d’une intolérance ou de préoccupations liées à l’innocuité (ce qui n’est pas nocif). Le lénacapavir pourrait ainsi permettre aux patients séropositifs multirésistants de maitriser la maladie et éviter qu’elle n’évolue vers le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA).
À l’instar d’autres types de virus, le VIH détient une remarquable capacité d’adaptation lui permettant de développer des résistances vis-à-vis des médicaments antirétroviraux actuels. De ce fait, les traitements contre le VIH doivent souvent être composés de plusieurs molécules distinctes, chacune d’elles visant à combattre le virus d’une façon spécifique. Le modèle de traitement le plus récurrent s’avère être la « trithérapie » comprenant des inhibiteurs de la transcriptase, de l’intégrase et de la protéase.
Un grand espoir
Malheureusement, au fil des années, on observe de plus en plus de cas de VIH résistants aux inhibiteurs de la transcriptase inverse. L’avènement d’une nouvelle génération d’antiviraux inhibiteurs de capside comme le lénacapavir se veut ainsi un grand signe d’espoir puisqu’il offre la possibilité de développer de nouvelles stratégies de traitement pour mieux gérer la maladie.
Le schéma thérapeutique du médicament Sunlenca comprend deux principales étapes. Tout d’abord, le patient doit franchir une étape initiale dite « d’instauration », s’étalant sur deux semaines, au cours de laquelle, le lénacapavir est administré à la fois sous forme d’injection et de comprimés. Vient ensuite une deuxième étape dite « d’entretien », durant laquelle un seul vaccin est administré à tous les six mois. Sunlenca se veut ainsi le premier traitement antirétroviral contre le VIH ayant un effet thérapeutique de longue durée.
Un autre point saillant reste l’innocuité et la tolérance au traitement. Durant les différents essais cliniques, aucun patient n’a eu d’effets indésirables graves. Les principaux effets secondaires rapportés étaient les nausées, les maux de tête et les irritations au point d’injection, ainsi que des perturbations gastro-intestinales passagères. Somme toute, le médicament semble donc être généralement bien toléré. Alors que le lénacapavir doit être administré en association avec un ou plusieurs autres antirétroviraux, le fait de pouvoir réduire le nombre de médicaments pris au quotidien, tout en minimisant les effets indésirables, constitue sans doute un pas dans la bonne direction. La qualité de vie des patients séropositifs bénéficiera grandement de cette nouvelle approche thérapeutique.
Efficace aussi pour la prévention?
Le lénacapavir fait actuellement l’objet de divers essais cliniques pour évaluer son efficacité dans un contexte de prophylaxie pré-exposition (Prep). Il est encore trop tôt pour savoir si cette molécule pourra être utilisée à cette fin. De ce fait, Santé Canada promeut uniquement l’usage du lénacapavir en tant que médicament de gestion du VIH, par opposition à un usage préventif du VIH.
Avec le lénacapavir, le répertoire de médicaments contre le VIH s’étoffe. Il s’agit d’un traitement innovant, en complément aux médicaments antirétroviraux conventionnels. Ayant déjà été approuvé au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni et au sein de l’Union européenne, le lénacapavir s’annonce comme étant un vaccin révolutionnaire aux résultats prometteurs. Celui-ci offre une lueur d’espoir aux patients séropositifs pour lesquels les traitements conventionnels n’ont pas eu les effets escomptés. L’arrivée des médicaments antirétroviraux inhibiteurs de capside sur le marché ouvre la voie à de nouvelles formes de traitement contribuant à améliorer l’espérance de vie et la qualité de vie des personnes infectées.
Auteur : Marc Alexandre André
*Sunlenca est une marque enregistrée de Gilead.