IRIS Estrie est un organisme communautaire implanté dans la région estrienne depuis plus de 34 ans. Sa mission est de faire la prévention du VIH et des autres ITSS, des surdoses ainsi que lutter contre l’exclusion sociale auprès des populations à risque (travailleur.euse.s du sexe, utilisateur.trice.s de substances psychoactives, jeunes, communauté 2SLGBTQ+, personnes en situation d’itinérance ou à risque de l’être, personnes vivant avec des troubles de santé mentale, personnes criminalisées, etc.) en utilisant, entre autres, des stratégies d’éducation, d’intervention et de promotion de la santé.
C’est en juillet 2021 que l’organisme a appris que deux de ses financements les plus importants n’étaient pas reconduits. Il va de soi que sans ces deux financements fédéraux majeurs, la survie de l’organisme IRIS Estrie est en péril.
Il est important de noter qu’IRIS Estrie rejoint chaque année des milliers de personnes différentes. Avant la COVID-19, soit pour l’année 2019-2020, ce nombre s’élevait à près de 10 000 personnes. L’organisme agit en tant que l’unique point central de prévention des ITSS et ce, sur l’ensemble du territoire estrien grâce à son mandat suprarégional. IRIS Estrie est aussi l’organisme remettant le plus de matériel de prévention (matériel de consommation stérile, condoms, lubrifiants, etc.) et récupérant le plus de matériel de consommation souillé chaque année, et ce grâce à toute l’énergie et le temps qui sont accordés au travail de proximité.
IRIS Estrie est un organisme dont l’expertise est pleinement reconnue par plusieurs instances gouvernementales en matière de connaissance des réalités terrains, tant de la transmission du VIH, de l’hépatite C et des autres ITSS que des surdoses et de l’exclusion sociale. Sans cette expertise et cette vision, il est selon nous important de soulever le questionnement à savoir qui pourra prendre le relais de cette transmission d’informations.
En 2021-2022, c’est plus de 3 520 personnes différentes qui ont été rejointes. C’est plus de 4 000 interventions individuelles. Ce sont 115 situations de crise qui ont été gérées par des intervenant.e.s formé.e.s, empathiques, et qui sont trop souvent le seul filet de sécurité des personnes exclues et stigmatisées par la société. Ce sont plus de 45 000 seringues qui ont été distribuées, et presque autant qui ont été récupérées et détruites de façon sécuritaire. C’est plus de 15 400 pipes à crack qui ont été données directement à nos populations. Finalement, c’est aussi plus de 60 500 condoms, qui ont été distribués auprès des populations les plus à risque d’ITSS. Chaque jour, les intervenant.e.s se déplacent dans les milieux fréquentés et les milieux de vie des personnes les plus vulnérables de notre société en faisant du travail de milieu. Chaque semaine, ce sont 4 personnes qui ont la chance de venir se faire dépister directement dans nos locaux, grâce à la précieuse collaboration du SIDEP des ITSS de l’Estrie. Chaque semaine, c’est aussi 21 heures où le SEUL Centre de prévention des surdoses de l’Estrie offre aux personnes utilisant des substances psychoactives un lieu sécuritaire et stérile où ils et elles peuvent venir consommer, sans avoir peur de faire une surdose ou sans s’inquiéter d’être criminalisé.e.s.
TOUTES ces actions sont indispensables au niveau de la santé publique en Estrie. Ce sont grâce à des actions comme celles réalisées par nos intervenant.e.s qu’on évite que des seringues souillées soient retrouvées dans des endroits non-adéquats, qu’on évite des décès inutiles par surdoses, qu’on évite une montée encore plus fulgurante des ITSS, qu’on s’approche tranquillement mais surement d’un monde sans VIH ni hépatite C… C’est aussi comme ça qu’on crée des liens avec des personnes trop souvent oubliées et coupées des autres services.
Lorsqu’on traite une personne qui consomme par injection de Junkie, c’est un pas de moins vers la fréquentation des ressources, et un pas de plus vers une surdose.
Lorsqu’on dit à une travailleuse du sexe que son métier n’en est pas un et qu’il faut assumer les risques qui y sont associés, c’est un pas de moins vers une dénonciation, et un pas de plus vers des violences sexuelles.
Lorsqu’on stigmatise ou qu’on discrimine une personne de la communauté LGBTQ+, c’est un pas de moins vers la recherche de soutien, et un pas de plus vers l’isolement et la détresse psychologique.
Nous trouvons que les coupures de services d’un organisme comme IRIS Estrie, dû au manque de financement, représentent un non-sens. Il est selon nous inacceptable de créer un tel trou de services auprès de personnes qui ne sont déjà que peu desservies.
Au-delà des chiffres présentés, il faut voir les réalités vécues, et les vies qui sont positivement affectées par un organisme comme IRIS Estrie. Il faut voir le cheminement, la résilience et toute la bonté de ces personnes, qui sont trop souvent évitées du regard lorsque quelqu’un les croise dans la rue.
On recueille des témoignages chaque semaine, des témoignages touchants, bouleversants, et qui nous rappellent à quel point un simple bonjour et un accueil chaleureux au sein de notre organisme peuvent faire toute la différence. IRIS Estrie aide à améliorer les conditions de vies des personnes au quotidien, les aide à cheminer dans leur réinsertion sociale et parfois même, à sauver des vies… Et pour finir sur une citation d’une des personnes qui fréquente nos services, « fermer la porte sur IRIS Estrie équivaudrait à fermer la porte sur moi », ce qui traduit toute l’importance qu’IRIS a sur la vie de ces gens.
Pour plus d’informations :
Chloé Massicotte
Intervenante au volet CatWoman
catwoman@irisestrie.org
505, rue Wellington Sud
Sherbrooke, Québec, J1H 5E2
819-823-6704
www.irisestrie.org